E-education : c’est probablement pas ce que l’on croit…


Dimanche 3 octobre – On fête la Saint Gérard

Mes bien cher(e)s ami(e)s…

Quand j’étais à l’école communale de Jules Ferry, il y a bien longtemps au pays des Atrébates (et non des Atrabalètes comme je l’ai indiqué dans mon post dominical précédent – merci à Laurent d’avoir rectifié), j’avais un voisin qui était toujours premier de la classe. En ces temps reculés, où l’on apprenait à lire avec des coups de règle sur les doigts, le mien voisin solutionnait toujours rapidement les problèmes de trains qui se croisent en étant de leurs gares respectives à des heures différentes, de baignoires qui se vident et se remplissent en même temps avec des débits différents, etc.…
Je suais sang et eau pour essayer de comprendre… C’est peut-être pour cela que le maît’d’école m’avait mis au fond de la classe. Vous avez deviné, je ramenais à la maison des carnets de notes désastreux, à la rigueur moyen. Ce qui faisait dire à ma sainte mère en langage atrébate (je traduis) : « Mon pauvre petit, que va encore dire ton père ? Tu ne seras jamais un haut fonctionnaire ! ». A l’époque, je ne savais pas très bien ce que cela voulait dire. J’imaginais des hauts et des « bas » fonctionnaires, et je ne savais pas que les Français, encore maintenant je pense, souhaitaient pour leurs rejetons une vie de hauts fonctionnaires.
Remarquez, après avoir lu le livre « les Intouchables », je suis plutôt content d’avoir été plus que passable à l’école communale (à part naturellement les coups de règles).
Mais revenons à nos mouton ou plutôt à mon voisin, qui depuis construit des avions chez Dassault. Un jour, sous le préau je lui ai demandé : « Mais pourquoi comprends-tu aussi vite, et pas moi ? ». Il a dû me dire que j’étais c.. , et cela a dû se terminer en pugilat. Je lui ai reposé la question plus tard, et il m’a dit : « Je ne sais pas pourquoi je comprends aussi vite, mais il y a une chose que je sais : c’est que je vois le problème dans ma tête, et je peux en modifier les paramètres à volonté… donc je trouve forcément la solution ».
Cela m’a laissé on ne peut plus perplexe. Et le temps a passé.
Cette phrase m’est revenue en mémoire il y a 3 ou 4 ans quand mon ami Patrick Serfati m’a présenté ses premières réalisations en 3D interactif.
« Mais c’est bien sûr ! »… Le futur de l’éducation pour moi passera par le 3D interactif.
Un exemple parmi d’autres…
Imaginez que vous voulez apprendre comment fonctionne le système solaire, et acquérir quelques notions d’astronomie. Sur votre écran d’ordinateur apparaît le système solaire en 3D, vu de haut : le soleil et ses planètes qui tournent autour. Vous pouvez grâce à la souris vous mettre à droite, à gauche, et comme par enchantement, l’image 3D se reconfigure très rapidement tout en étant toujours animée (le système solaire continue de tourner…).
Ou encore, vous vous mettez sur le soleil et vous regardez le plan de l’écliptique. Le zodiaque n’a plus de mystère pour vous, puisque vous le voyez (zone de 17° de part et d’autre de l’écliptique). Vous n’avez pas à faire fonctionner vos neurones pour vous représenter la chose à partir d’un texte explicatif, ou du discours d’un professeur. Ensuite, vous vous mettez sur la Terre, à Paris par exemple, et vous regardez l’horizon cosmique de haut en bas : les autres planètes, la lune, le soleil, tout cela continuant de tourner allègrement… Et là, l’éclipse, quand elle se produit, n’a plus de mystères pour vous. Vous pouvez stopper le mouvement, le faire reprendre à vitesse réduite, observer la progression de l’ombre sur la Terre… Vous pourriez même, si cela a été prévu, vous initier à la trigonométrie ou à la façon de lancer une fusée vers la lune…
En fait, malgré notre milliard de neurones et nos cent milliards de connections, peu d’Homo Sapiens Sapiens ont une capacité d’abstraction rapide. Le 3D interactif va, à mon avis, combler ce manque. En plus, de façon ludique : c’est « comme un jeu vidéo ». Car, il possible d’apprendre de façon ludique sans coups de règles. Un proverbe chinois dit quelque chose comme cela : écouter et vous ne retenez que 5%, voir et vous ne retenez que 15%, faire (interagir avec un process) et vous retenez 90%... Je ne suis pas sur des pourcentages, mais c’est de cet ordre de grandeur.
Il serait probablement possible de mettre en 3D interactif une grande partie du savoir humain. Le problème naturellement, c’est qu’il faut faire ces applications (et les financer). Et l’on va s’apercevoir que pour les utiliser, il faut des réseaux de télécommunications à TRES haut débit (probablement de l’ordre de 100 mégabits au bas mot). Le 3D nécessite en effet l’affichage très rapide pour la fluidité, de centaines de milliers de polygones texturés.
Il y a 2 ans, j’ai été invité par Monsieur Gates (et oui, on a des relations, même si on n’est pas Haut Fonctionnaire). Notre « petit père électronique du peuple » nous a montré une application de ce type pour apprendre à écrire (sur une tablette PC de NEC). Epoustouflant. Et encore, ce n’était pas du vrai 3D. Si j’avais eu cela, j’eusse appris à écrire en une quinzaine de jours, et non pas en 1,5 an (avec de nombreux coups de règles). Bill nous a ensuite montré une application d’apprentissage de chimie organique en 3D interactif… Figurez-vous que cela m’a donné envie – à mon âge – de me mettre à la chimie, matière que j’ai abhorrée dans des temps anciens…
Je rêve d’avoir chez moi une fibre optique (pour le très haut débit) et de disposer d’une foultitude d’applications de formation en 3D interactif (comment on taille un rosier, comment fonctionne un moteur à explosion, …). Et je suis prêt à payer pour un cours de ce type…

Je pense donc que le marché éducatif pour ces applications en 3D est Kolossal…

Trois remarques pour terminer…

1/L’éducation est probablement l’un des facteurs compétitifs les plus importants d’une nation. Notre pays produit un peu de bons ingénieurs (la preuve les autres nous les piquent) et beaucoup d’illettrés (entre 7 et 10% par an de ceux qui sortent du circuit éducatif). Ce qui est une honte. J’ai écouté ce matin le « Grand Débat » sur BFM sur le thème de l’université française face à la compétition éducative mondiale …. On est plutôt mal parti…
2/ Le premier pays au monde qui décidera politiquement de se fibrer sera probablement le premier pays à faire ces applications (pour vendre des voitures, faut d’abord avoir des routes). Nous irons ensuite les lui acheter. Car il n’y a pas besoin d’avoir 36 applications en 3D interactif pour expliquer le système solaire. Une seule suffit. On la localise ensuite en fonction de la langue du pays.
3/ Le financement de ces applications pourrait être assuré par les éditeurs traditionnels, en liaison par exemple avec les constructeurs automobiles (pour la mécanique), Truffaut et autres pépiniéristes pour la taille, EDF et autres pour un cours d’électricité, etc, etc.… Et cela pourrait s’imaginer au niveau européen.
Ces applications une fois faites (nous avons quelques sociétés spécialisées dans le 3D de belle facture en France), nous pourrions aller les proposer aux Américains, aux Chinois, etc. qui les localiseront.

Voilà pourquoi je ne démords pas de mes idées considérées par certains comme loufoques. Il faut – pardon – il nous faudrait du TRES haut débit si possible pas après les autres…

Allez, je vous laisse…. Ce soir, Mme Billaut nous a fait un cramble de pommes à sa façon… Le « Cramble Mme Billaut ». Un pur régal.


Les Français aiment-ils le futur ?

Dimanche 26 septembre 2004 – On fête Saint Côme et Saint Damien…

Mes bien cher(e)s ami(e)s…

Les Français aiment-ils le futur ?

Permettez-moi d’en douter, en tout cas à lire les études des spécialistes qui scrutent au jour le jour notre société. Nos contemporains sont stressés. Voir angoissés. Ils ont peur de demain matin. Peur de perdre leur emploi, peur des délocalisations. Peur de l’Europe, de la Chine, etc… Peur de perdre les quelques avantages acquis. Peur de tout et de rien. On ne sait plus très bien à quels saints se vouer : un jour on vote à droite, et le lendemain à gauche…
Nous nous goinfrons de neuroleptiques : nous sommes paraît-il le premier pays consommateur de ces drogues.
Prozac et StarAc - faut bien passer le temps- sont devenus les 2 mamelles de la France.
Ah si Monsieur Maximilien de Béthune, duc de Sully revenait… il serait bien surpris, le bougre…
On se recroqueville dans notre passé. Moins il y a de changement, plus on est content, et la journée du Patrimoine nous permet de nous retrouver dans notre magnifique passé. Nos élus, qui en principe, sont là pour nous guider vers le futur, sont eux aussi largement ancrés vers le passé, le non mouvement (à part les ronds-points pour tourner autour…).
La preuve ? Monsieur Georges Freche, nouveau président du Conseil Régional du Languedoc Roussillon ne veut-il pas débaptiser cette belle province au marches du royaume pour lui redonner son nom d’il y a 2.000 ans ? La Septimanie (pays des Wisigoths à cette époque)…On croit rêver…
Après tout, pourquoi pas ? On devrait décider de faire cela partout dans notre beau pays : redonner le nom des lieux d’y il a 2.000 ans. Paris redeviendrait Lutetia ; Lyon, Lugdunum, etc.…
Cela d’ailleurs nous donnerait beaucoup de boulot… Il faudrait refaire tous les panneaux indicateurs (quelques millions), les cartes, le nom des rues (tant qu’on y est…). Et pourquoi pas se remettre au latin ? (mais comment traduire blue jeans ? mini-jupe ?... Mon ami Jean Michel Yolin, latiniste convaincu, propose « bracae lintea caeruleae » pour le premier et « tunicula minima » pour le deuxième).
Au bas mot, un investissement de quelques milliards d’euros pour retourner dans notre passé.
C’est a peu prés celui nécessaire pour fibrer toute la France de bout en bout… et entrer de plein pied dans le futur…
Il nous manque une Jeanne d’Arc, un Napoléon, un Clemenceau, un De Gaulle pour nous conduire dans cette Société de l’Information. L’a-t-on trouvé ? Il vaudrait mieux, car après tout, c’est bien dans le futur que nous allons vivre ce qu’il nous reste à vivre…
On dit qu’on dit, mais on a bien raison de dire… (Expression courante au pays des Atrabalétes, où je suis né – savez-vous où cela se trouve ?)

Allez, je vous laisse, Madame Billaut nous a préparé pour le dessert du repas dominical sa célèbre tarte aux prunes et au sucre… Recette qui lui viendrait paraît-il de son arrière-grand-mère (Ah, le passé…)

Jean Michel Billaut