Connaissez-vous Portnoff ?
Connaissez-vous André-Yves Portnoff ?
André-Yves est un prospectiviste, et non pas un prophéte... D'ailleurs sous des aspects de professeur Tournesol, il cache un humour décapant. Et malheur à celui qui se retrouve sous le scalpel de son analyse... André-Yves collabore à Futuribles, donne des conférences, des cours...
Et dans notre petite conversation, il se lâche... Si vous faites partie, ou pensez faire partie de l'élite française, alors ce n'est pas la peine de regarder cette vidéo. Car vous allez en prendre pour votre grade...
" La France est malade, et bien malade... La faute à qui ? Notre élite !(énarques, polytechniciens). Chez nous on n'aime pas les créatifs - ou plutôt "ils" n'aiment pas les créatifs... Un modèle fortement centralisé, pyramidal, managé par nos castes élitistes, qui régle notre destin dans les dîners en ville... La République des copains (et pas des coquins précise André-Yves)... On favorise les grandes entreprises dinausores, au détriment des PME créatives..."
Et le rapport Pébereau ? (André-Yves était en 4ème avec cet éminent personage)... "La France est proche de la banqueroute" nous précise André-Yves. "Notre pays a été très mal géré depuis 20 ans. Pourra-t-on payé la retraite des fonctionnaires ? Notre drame ? Nous avons une bonne recherche, mais pas de relais industriel.. Il nous faudrait un Small Business Act et ne plus emm...der les créatifs".
Bref cela décape... Autre remarque intéressante : les Français de la France d'en bas se mettent à l'Internet, et l'Internet est à l'opposé d'une organisation centralisatrice et pyramidale.
Qui va gagner ? Les Français vont-ils continuer de supporter leur élite ?
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© A Billautshow production - the video for the rest of us -
Et moi qui voulez faire polytechnique ... ;)
Rédigé par : Nico78 | 19/03/2006 à 19:45
"... il ne faut plus emmerder les créatifs..."
Ben ouais, pas con. Comment il s'appelait déjà le papa de la théorie de l'innovation ? Hum, un truc comme Schumpeter , non ? Et keski disait Schumpeter ? Il parlait pas "d'innovation destructrice" ? Et on serait pas en plein dedans ? Parce que les réseaux tout IP, la numérisation de tous les contenus, ça commence par détruire pas mal de valeur (mais si mesdames, messieurs les artistes, vous continuerez à palper vos droits d'auteur. Mais oui monsieur de la presse quotidienne, vous survivrez a l'info sur l'Internet et aux infos directes via les blogs). Alors comment on fait pour plus les emmerder les créatifs qui secouent bien fort le modèle et qui font un peu peur à pas mal de gens ?
Rédigé par : permafrost | 19/03/2006 à 22:58
Dommage que tu prennes l'exemple des artistes lorsque tu t'élèves contre les "créatifs" :)
Rédigé par : sylvain | 20/03/2006 à 09:38
"La France est en banqueroute,parce que nous avons très mal géré depuis 20 ans."
A part Chirac sur son lit de mort (et passé les élections de 2007 évidemment...quoique si Sarkozy est élu,Chirac ne reculera pas devant une petite vengeance? :)= ,je ne vois pas quel politicien viendrait nous annoncer ça au 20h,entre une manif anti-CPE et un crash d'avion tunisien au-dessus de l'Azerbaïdjan...
Par contre,je ne savais pas que c'était à peu près la même chose en Europe (côté innovation en tout cas).
Le Small Business Act,c'est peut-être une bonne solution;mais à votre avis,qui est censé le mettre en avant?Ce ne serait pas les "élites",par hasard?Et un tissu de PME soutenu par des commandes d'état,ça ne ferait pas hurler une Europe libérale et ses lobbies bruxellois,qui représentent les mêmes grandes entreprises qui préfèrent manger les petites,ainsi que les entreprises américaines qui n'ont aucun intérêt à ce que NOTRE recherche NOUS rapporte ses bénéfices?
...Alors,ne faudra-t-il pas Jeanne d'Arc,les Révolutionnaires,Napoléon et De Gaulle (rajoutez Hugo et Audiard pour les discours) rassemblés pour "bouter la chienlit" hors de France et d'Europe (et surtout hors de nos affaires!!!)?
On fait tout péter?!Ca y est,c'est le Grand Soir?!?On sort la guillotine et le barbecue (avec les chipolatas)?!!!
...Sinon,,qu'est-ce qu'il y a ce soir à la télé?
Petite question subsidiaire:quand un pays est en cessation de paiement,ça se passe comment?Les Etats-Unis ont une dette monstrueuse,et sont pourtant encore debout:on peut tenir combien de temps comme ça?
Et si on est au bout du rouleau,qu'est-ce qui se passe?On coupe les vivres aux services sociaux,et on laisse pourrir?Les retraites ne sont plus payées,comme en Russie?
Suggestion:on bâtit des fours dans les centre-villes mais ,cette fois-ci,comme on est dans un pays de (liberté) égalité (fraternité),c'est pour tout le monde (et surtout pour les vieux,les malades,les chômeurs,etc...)? (Pour les fans de JM Truong:oui,j'avoue honteusement avoir pompé Eternity express.)
Sinon,j'ai une blague encore meilleure:on fait comme d'habitude,on laisse faire...en attendant (quoi...?).
Y a pas à dire:entre la banqueroute,l'accroissement de la précarisation,et une vie active qui s'étirera jusqu'au bord de la tombe,c'est fou ce que les jeunes peuvent avoir le moral.
Je retourne surfer,ça me le remontera:c'est fou comme il y a de gens critiques,créatifs,pertinents...quand on peut les toucher directement. ;)
M'sieur Billaut,faut pas trop s'inquiéter pour les élites:on devrait pouvoir les remplacer sans trop de mal...Reste à voir l'élite qui suivra (oui,ça ressemble à une malédiction:dans une société humaine,toute élite chassée lors d'une crise est appelée à être remplacée...par une autre élite!) :/
Rédigé par : Ralala | 20/03/2006 à 12:08
Les futurs possibles ? Vaste programme auquel s'attelle avec bonheur André-Yves.
Francois (toujours en recherche de poste, cf. CV)
Rédigé par : Francois Druel | 20/03/2006 à 12:27
J'ai déjeuné à Aix en provence à la droite d'André-Yves et je peux vous dire que c'est un sacré bonhomme sympa, ouvert, intelligent et ... gourmand !
> Pour Jean-Michel: mon bouquin sur le podcasting sort fin avril chez Eyrolles. je passerai à ce moment-là faire un petite présentation.
Rédigé par : Franck Dumesnil | 20/03/2006 à 18:00
bouaif un peu troublante cette vidéo; c'est du 2ème degré ? relativement d'accord avec les aspects "republique des copains" mais venant de la part de personnes citant untel, lui-même fils de son père (mieux qu'un diplome de l'X ;-), ou untel rencontré au sein d'aréopages, cela interpelle.
Mais je veux bien croire en votre bonne foi.
Rédigé par : Le (Béarnais) rigolard | 20/03/2006 à 18:14
merci pour tous ces sympathiques commentaires. Je te lirai avec plaisir François D. Franck, rassurez-vous, on était 35 dans la même classe de 4e au lycée Buffon (et non bouffon ), il n'y a pas là de quoi attrapper une grosse tête, un seul est devenu X, ce n'est pas moi et je n'ai pas de regrets...Bon courage François pour trouver un poste. C'est bien le problème de l'emploi qui est posé en Europe. C'est vrai que Bruxelles ne nous aide pas pour le SBA (j'y suis intervenu dans ce sens jeudi dernier), et que les grands groupes ne vont pas faire du zèle, mais ne cherchons pas des boucs émissaires, pas besoin de bouter qui que ce soit hors de France, assumons nos responsabilités, si nous allions de l'avant, les PME européennes nous appuieraient. Quant à Shumpeter, l'innovation ne détruit de l'emploi que chez ceux qui n'innovent pas ou le font acculés le dos au mur comme Kodak: il faut anticiper!
Bonne nuit à tous!
André-Yves
Rédigé par : André-Yves Portnoff | 20/03/2006 à 23:39
Héhé...ok,on garde tout le monde ;) (en plus,ça me gênerait un poil d'envoyer mes parents en "vacances" en Chine... :'-( ),et on se retrousse les manches... 8-O
Par contre,re-question:vous allez peut-être dire que je manque d'initiative ou d'imagination :P ,mais quel(s) moyen(s) d'action/d'engagement voyez-vous pour les simples citoyens?
GIC (Groupement d'Intérêt Citoyen :) ,sorte de think-tank citoyen)?GAR (Groupement d'action Révolutionnaire ;P )?GMNIQ(Ge Mets N'Importe Quoi....)?
(Vous êtes dispensé de citer les partis politiques:vu le manque chronique de ligne/de vision globale et claire à proposer,je les classe hors-concours...Triste,mais c'est comme ça.)
Rédigé par : Ralala | 21/03/2006 à 02:18
J'oubliais:on parle toujours d'emploi,et d'innovation des entreprises pour "rester dans la course".Il me semble qu'il ne serait pas mauvais d'englober dans le débat la géopolitique,et la "gestion" des approvisionnements en énergie et en matières premières,qui semblent (lol!) guider la politique étrangère des pays occidentaux.
Le développement des énergies alternatives et de certaines matières premières (produits agricoles et produits dérivés grâce aux procédés de transformation et aux biotechnologies) est évidemment lié à cette question:on ne pourra guère résoudre un débat sans lancer nécessairement l'autre.
Je suis curieux de voir s'il y aura un candidat ou un parti à se lancer dans ces débats peu abordés (donc forcément électoralement peu intéressants,puisque les citoyens veulent juste des sous et des vacances,bien sûr).En dehors de la rhétorique habituelle,bien sûr:
-"le pétrole,c'est noir et c'est pas blanc;vive le soleil et l'air pur!"
-"les altermondialistes sont de gentils rêveurs"
Ouais...En attendant,IMPOSSIBLE de se passer de pétrole,et il n'y a que les crétins ou les hypocrites pour dire que "rejeter des MILLIONS d'années de stockage de carbone dans l'atmosphère,ça n'aura jamais de véritablement grave conséquence."
A propos:si l'effet de serre réduit les zones habitables (augmentation du niveau des mers),les réserves d'eau douce (par évaporation),cette planète sera-t-elle encore habitable pour 6 ou 10 milliards d'êtres humains?Habitable tout court?
Etant donné l'importance de la question,pourquoi n'y a-t-il pas un maximum de budgets alloué aux centres météorologiques et mathématiques pour apporter une réponse quasi-certaine le plus vite possible?
Vu ce que la technoscience coûte,j'aimerais bien avoir ces réultats-là MAINTENANT...ou sinon,autant placer l'argent ailleurs!! :P
Rédigé par : Ralala | 21/03/2006 à 03:35
Y'a longtemps qu j'avais pas eu autant de bonheur à 7 heures de mat. Une dizaine de jours que j'ai pas pu venir et voila que je retrouve ici toute cette intelligence qu'on a connu en 93-94 au deuxième sous-sol.
Heuillard et Portnoff la même semaine, le pied. Ce qui est moins marrant c'est qu'on est un peu dans la même mélasse qu'il y a treize ans au moment de la création du manifeste de l'Arche.
Mais bon, ça m'a mis la pêche et dès ce soir je vais réquisionner l'ancienne école de mon village, pour en faire une Small Business School (SBS c'est pas déjà pris coté suisse ...?).
Jean Mimi, c'est quand qu'on le fout ce bordel, vu qu'avec ta caméra tu récupères tous les anciens guerilleros (j'ai même vu notre espion de Druel ;=) François je t'écris ces jours ci.).
A+
E-papies vaincra
Rédigé par : senceber | 21/03/2006 à 07:55
dis donc ami Senceber, tu te leves tot je trouve pour un ancien guerilleros...
sinon je viens toujours avec ma caméra pour voir tes jeunes guerilleros ?
Rédigé par : billaut | 21/03/2006 à 08:27
Bien sur qu'on t'attend, tu vas être sur le cul...
Rédigé par : senceber | 21/03/2006 à 14:17
Je passe sur la brillant intervention de M. Portnoff.
A vous lire, il y a de quoi voir le verre aux 90% vide tout de même.
Comme citoyen, dois-je quitter le pays comme certains de mes amis ?
Une pétition pour un SBA à l'européenne a-t-il du sens ?
Pourrait-on restreindre son champ à la France pour faire avancer les choses ?
En résumé, au-delà du plaisir fugace d'être d'accord en vous, que peut-on faire pour que ça change sans se faire récupérer par un politique de droite ou de gauche, un syndicat ou un quelconque lobby ?
Rédigé par : Montbron | 21/03/2006 à 14:38
réponse en vitesse à Montbron:non on n'est pas pessimiste mais réalistes, et furieux de voir gacher nos merveilleuses ressources de culture et de créativité, on a tout pour réussir une nouvelle renaissance, sauf peut-être l'ambition, et certainement pas assez de dirigeants courageux. On pourrait faire en France un coup d'éclat avec un SBA hexagonal, pour provoquer une réaction générale. Manque la conscience du problème et le courage. Il faudrait effectivement réflechir à une mobilisation des start-up européenne pour éviter l'accusation d'"arrogance" française trop souvent justifiée...Toutes les idées sur le sujets seront les bien venues...
André-Yves P
Rédigé par : A-Y Portnoff | 21/03/2006 à 23:06
Comme d'habitude, un André-Yves passionné par son sujet...
Sur le sujet des PMe innovantes, on peut suivre l'action du
Comité Richelieu
Rédigé par : geoffrey delcroix | 22/03/2006 à 16:55
Notre modèle social est créateur de technocratie: La France a choisi de confier au public l'essentiel de son fonctionnement (transport, énergie, grandes entreprises nationalisées, système de santé, éducation, 50% du PIB?, même pour les entreprises complètement privées, l'état a une influence determinante).
Dans une économie libérale, ces fonctions sont confiées au privé et donc determinées par le marché: concurrence entre services offerts, satisfaction du client, la "main invisible" d'Adam Smith se chargeant alors du bien-être commun.
Dans le modèle francais, c'est à l'Etat qu'est confiée la mission de veiller au bien-être commun, comme le voulait Rousseau. Or, s'il n'est pas de marché pour discriminer entre bonne et mauvaise gestion à tous les échelons, comment faire? Seule solution: concentrer toutes l'analyse au plus hauts échelons la "pyramide" et confier la tâche à des "cervaux" qui seuls auront la capacité de juger et gérer une telle complexité. Le temps et l'énergie nécessaire à l'apprentissage des compétences nécessaires et à l'exécution de ces tâches sera par ailleurs telle que le technocrate n'aura guère le loisir de s'ouvrir l'esprit en diversifiant ses expériences ou en flânant sur les blogs :).
En résumé, une économie planifiée (même partiellement) a besoin de technocrates. C'est pour répondre à ce besoin que l'ENA a ete créée, et que l'Ecole Polytechnique a été peu à peu redirigée.
On peut essayer de réformer les centres de formation des élites de l'intérieur, si le modèle francais continue a privilégier la fonction publique, le fonctionnement technocratique des élites reviendra à un moment ou à un autre. Peut-être que les élites ont plus le pouvoir de changer les choses, mais c'est sans doute trop tard: le divorce entre élites et "France d'en bas" est déjà consumé. De plus, n'est-ce pas le droit des Francais que de vouloir une économie "sociale"?
Réciproquement, si le modèle francais commence à se tourner vers une logique plus libérale, l'essentiel de l'activité se retrouvant dans le domaine privé, les élites seraient dès lors jugés sur leurs performances vis-a-vis du marché et tant de pratiques decriées disparaitront d'elles-même: nos élites seront alors similaires aux élites anglo-saxonnes formées par l'"Ivy League" ou Oxbridge.
Rédigé par : cm | 07/04/2006 à 21:22