Me Jeanneney rouspète...( y a pas que moi...)
Et oui... Google, Amazon (et peut-être aussi Microsoft) sont en train de numériser des millions de bouquins... Scanning et OCR pour ceux qui ne sont pas déjà en fichier directement exploitable par un ordinateur... Puis vente en ligne... J'attends cela avec impatience... Comme je vous en ai déjà fait part, je suis assez content de ma tablet PC HP.. Que j'utilise pour télécharger des tas de e-books que je peux lire dans de bonnes conditions (l'écran de la dite tablet est très bien), e-books que je peux annoter comme bon me semble, que je peux retouver d'un coup de stylet...
Aprés la musique, la photo (Corbis, la société de M'sieur Gates et d'autres), après la vidéo où le mouvement est bien enclenché, c'est maintenant au tour de la chose imprimée... Nos coquins d'Américains vont numériser leurs bouquins, et probabablement aussi les nôtres dans la foulée... Nous demanderont-ils la permission ?
Et naturellement Mr Jeannenay de vitupérer... Ce haut fonctionnaire qui pilote notre grand vaisseau de la TRES Grande Bibliothèque de France, voit cela d'un très mauvais oeil.. Et il a raison... Nos cow-boys vont faire cela dans "un esprit américain" (cela tombe sous le sens), ce qui n'est pas forcément le nôtre d'esprit (ce qui tombe aussi sous le sens)... Les réponses aux requêtes pourraient être orientées par exemple... Mr Jeanneney préconise donc une présence européenne. Et pourquoi pas, que l'Europe et Google passent un accord pour une numérisation des fonds européens "à l'européenne"... Le continent européen, qui a des cultures millénaires, passerait un accord avec ce Google, inconnu il y a encore quelques mois, créé par 2 étudiants sur un continent inconnu il y a encore quelques petites centaines d'années... On croit rêver... Bon passons...
Et revenons à nos moutons... Mr Jeanneney nous apprend qu'il va numériser la presse française... Bon les news de Google vont dejà cela au jour le jour.. Mais passons... Vous vous dites : "Chic alors, je vais pouvoir faire des recherches dans tous les articles de tous les journaux/revues, les consulter, les acheter, les télécharger..."... Et bien que nenni... Il numérise la presse des temps anciens...Il va s'arrêter en 14. Non en 44. Je ne dis pas que cela n'intéresse personne.. Loin de moi cette idée... Mais on ferait mieux de numériser la presse des temps présents... Cela serait peut-être plus économiquement utile... Vous allez dire que je râle encore contre le gaulois, mais cela montre bien que nous sommes tournés vers le passé... et que le présent et le futur ne nous intéressent pas...
Par ailleurs, je suis allé faire un tour sur le site Gallica de la TRES grande bibliothèque (le nom en lui-même est symptomatique...). D'abord, je trouve que le site n'est pas trés sexy dans sa présentation (Google a une meilleure présentation)... En plus, on laisse le visiteur sur sa faim. Dans la rubrique "voyage en France" par exemple, quand on clique sur "Béthune" (ville du pays des Atrébates comme chacun sait), cela affiche une page blanche... Pas de messages d'erreur ou "en cours" ou "excusez-nous blabla... blabla...". Non rien !... Nous sommes comme d'habitude des usagers...
On y trouve quand même des choses intéressantes (Balzac, etc...). Mais on pourrait là aussi penser un peu moins au passé et un peu plus au présent... Pourquoi les éditeurs français ne se mettent-ils pas autour d'une table pour mettre en ligne leurs bouquins ? Que l'on puisse acheter en téléchargement ? Moins cher naturellement que sur support papier dans un magasin en dur...
Mais vous voyiez d'ici le problème ? ... Je ne vous fais pas un dessin... Aucun politique français - si tout au moins il tient à être réélu - ne se mouillera dans cette affaire...
C'est pourtant bien ce qu'il faudra faire un jour. Et plus on tarde, plus cela sera compliqué...
Dernier point et j'arrête de râler : cela servait vraiment à quelque chose de construire cette grande bâtisse de bibliothèque sur les bords de Seine ?
Si vous désirez en connaitre un peu plus sur les droits d'auteurs de l'autre coté de l'atlantique (en anglais):
http://randomfoo.net/oscon/2002/lessig/free.html
Ou pourquoi la composante "digital" influe sur les droits d'auteurs.
Effectivement je me souvient très bien de la musique avant les graveurs de DVD.
Rémi
Rédigé par : Remi | 18/02/2005 à 17:07
Je voudrais ajouter un commentaire concernant le site de la BNF. La BNF propose des ouvrages numérisés sans reconnaissance de caractères et par conséquent sans possibilité de rechercher une expression, un mot, phrase ou …….
L’initiative de scanner la presse française est honorable, encore faut-il le faire correctement.
Vincent
Rédigé par : VINCENT | 18/02/2005 à 17:45
effectivement j'avais oublié ce point important... a quoi cela sert de numériser si l'on ne peut rechercher dans l'ensemble des fichiers ?
Comme quoi, on n'est pas encore passé dans "la société de l'information"...
Rédigé par : billaut | 18/02/2005 à 18:24
C'est bien le problème. http://www.internetactu.net/index.php?p=5810
Rédigé par : Hubert Guillaud | 21/02/2005 à 10:22
Le passage à l'ère numérique pose effectivement la grande question du partage de la valeur ajoutée. Il faut rebattre les cartes et imaginer une nouvelle distribution. Numériser la presse ? Biensur, c'est utile et plus pratique mais il faut veiller à ce que les auteurs et les sources au sens large soient rémunerer à leur juste valeur. Ce n'est déjà pas forcement le cas dans le modèle actuel ou l'on s'habitue à l'info gratuite financée par la pub. Ensuite, cela supprime completement certains maillons de la chaine (par exemple les kiosques) qui vont freiner des 4 fers pour proteger leur metier.
Ce passage au numerique aura lieu de toute façon, il a même déjà commencé avec un modèle complet qui respecte toutes les parties en présence sur ce marché. C'est ce que propose www.makkinanews.com que vous connaissez bien. 13 000 sources dans le monde, 14 000 articles et dépèches quotidiennes indéxées dans une immense base de données. Evidemment, sa consultation a un prix qui correspond à la valeur créée : l'aggregation de milliers de sources dans un format permettant les recherches, une circulation très rapide des informations, une livraison avant 9H le matin. La rémunération des sources est garantie ce qui assure la perennité du modèle. Un veritable outil de veille. C'est une premiere grande étape vers ce nouvel équilibre qui n'a pas été facile à mettre sur pied mais qui fonctionne depuis maintenant 4 ans. Je m'etonne même que votre message ne le cite pas en exemple.
Rédigé par : Emmanuel | 21/02/2005 à 10:30
Votre réflexion Monsieur Billaut m'évoque surtout la question suivante : le livre va-t-il connaître prochainement ce que la musique et la vidéo subissent actuellement avec le P2P ?
D'un côté les technologies numériques d'acquisition et de diffusion de l'écrit (scanner, OCR, e-book...) sont de plus en plus performantes et accessibles, d'un autre, l'internet devient une source privilégiée de données, d'informations et de savoirs auprès d'une masse grandissante de la population.
Personnellement, je pense qu'aucun contenu ne devrait éviter la révolution numérique et la révolution internet.
Cela ne signifie pas obligatoirement qu'ils seront tous exposé au piratage de masse... à moins de ne rien faire et de laisser s'installer des situations critiques. Les technologies du numérique et de l'internet ne conduisent pas fatalement au piratage mais doivent être perçues comme une formidable opportunité de créer davantage de richesses que les -anciens- modes dominents de production et de commercialisation ne le font aujourd'hui.
Les professionnels de la musique et de la vidéo sont-ils victimes du téléchargement illégal ou subissent-ils l'inévitable contre-coup d'un manque d'anticipation (et donc d'action) évident pour accompagner les évolutions technologies et les évolutions des modes de consommations des contenus audio et vidéo...
En regardant leurs confrères, les professionnels du livre envisagent-ils aujourd'hui le possible raz de marée de la numérisation des contenus écrits / papier et leur diffusion à grande échelle sur le réseau ?
Ne serait-il pas opportun d'anticiper aujourd'hui cette évolution dont on voit aujourd'hui les signes avant-coureur ? N'aurions nous pas tout à gagner à créer un futur dont tout le monde pourrait être satisfait plutôt que d'attendre que le feu prenne -à la bibliothèque- pour réagir ?
Anticiper, c'est aussi ne pas suivre forcément le modèle suivi par d'autres sur les mêmes questions, mais en inventer un spécifique à son environnement. Pourquoi faut-il faire appel à Google ? (Personnellement j'adore Google et son modèle).
Ne peut-on pas inventer en Europe notre propre solution même si rien n'empêche de s'inspirer de celle de Google ?
Rédigé par : Boris Perchat | 21/02/2005 à 13:01
Gallica c'est très joli, comme nom...
c souvent pareil : on se fait griller la politesse par des américains, alors qu'on a déjà un programme "pharaonesque" en cours... évidemment notre usine à nous est plus petite, plus complexe, plus fermée et moins ambitieuse...
à lire, un article bien senti :
"Aucun programme public de numérisation des contenus n'aura de sens si nous ne nous attachons pas d'abord à rendre nos données indexables"
http://www.internetactu.net/?p=5810
Rédigé par : fred | 21/02/2005 à 15:49
100 petites nouvelles oeuvres en février sur Gallica dont un petit opuscule sur les soirées fantastiques de l'illutre magicien Robert Houdin. Livre cher à l'institution puisqu'il s'agit d'escamotage et de corne d'abondance. Il faut tuer Google parce que Google permet de faire cela :
http://www.google.fr/search?hl=fr&q=Michel+Garel&btnG=Recherche+Google&meta=
Si ce lien ne marche pas faite une recherche sur les mots clés "Michel Garel".
C'est très embétant d'avoir une mémoire... Monsieur Jeanneney milite pour une mémoire européenne dont ces sbires en seraient, à nos grands frais, les seuls gardiens. On en comprend bien les motifs. En attendant depuis 20 ans, les milliards engloutis n'auront servi qu'à ruiner le peuple, sans lui donner accès à sa propre culture. Oh misère, 100 pauvres documents sur Gallica en février, scannés à la va vite, non indexés. Si nos amis américains n'étaient pas là nous n'aurions même pas accès à L'encyclopédie de Diderot. Merci à l'unversité de Chigago http://humanities.uchicago.edu/orgs/ARTFL/ qui, en collaboration avec le CNRS, fait ce pour quoi nous payons les équipages du ci-devant Jeanneney.
Nous, le peuple.
Rédigé par : Marie | 22/02/2005 à 10:02
Tout à fait d'accord avec Boris.
Sur ce sujet il y a un rapprochement intéressant à faire avec le débat actuel sur la constitution européenne.
Le problème posé par Google n'est pas tant dans les droits de propriété des oeuvres comme c'est le cas pour la musique.
Il s'agit ici de la manière donc à long terme va être accessible le savoir universel.
Clairement Google se positionne comme un leader capable de décider demain quels seront les documents de référence qui seront consultés lorsqu'un prof d'école demandera à ses élèves de faire une recherche sur la 1ere guerre mondiale par exemple.
Ce qui me chagrine c'est qu'en France le discours ne reprend que le volet social: effectivement les pouvoirs publics ont un role la dedans (et donc l'Europe si elle pouvait mener une politique industrielle forte dans le numérique)
Mais il y également un aspect économique ! google ne fait pas ça pour la gloire. Les dirigeants ont compris les bénéfices à long terme d'une telle stratégie. En Europe il n'y a pas d'acteur industriel equivalent. France Telecom etait bien placé mais manque à mon avis d'un passage à l'échelle europenne (cf EADS). Il nous faudrait un champion du numérique...
Une note personnelle sur le sujet plus développé: http://danielbroche.typepad.com/daniel_broche/2005/02/omnigooglizatio.html
Rédigé par : Daniel | 22/02/2005 à 16:09
Des failles dans le dispositif européen imaginé par Jean-Noël Jeanneney, voir l'article
LExpansion.com du 22 mars 2007 Europeana contre Google Livres : le comparatif par Benjamin Ferran
http://www.lexpress.fr/info/economie/infojour/infos.asp?id=155664
Rédigé par : Christian | 23/03/2007 à 08:21