Un "new deal" pour la France ?
(éditorial à paraître dans le Bulletin de l'Ardesi Midi-Pyrénées)
En 1933, le Président Franklin D. Roosevelt a désembourbé l’économie américaine de la grande crise de 1929 avec son « New Deal », comprenant notamment un important volet de mise en œuvre d’infrastructures nouvelles sur financements publics : réseau électrique dans les campagnes, autoroutes inter-états, etc… Il appliquait en fait les théories de l’économiste anglais Keynes et son multiplicateur… Les agriculteurs, effectivement, se sont équipés d’appareils électroménagers, l’industrie automobile s’est développée, etc…
Nous devrions réfléchir à un new deal français,… non pas pour refaire un réseau électrique, ou un réseau autoroutier, mais un réseau de télécommunications moderne à base de fibres optiques, permettant à tout un chacun de disposer du TRES haut débit (100 mégabits et plus) à la maison comme sur les lieux de travail. Réseau moderne permettant de disposer sur le même fil d’un accès à l’Internet à très haut débit, de la voix, de l’image vidéo, d’applications interactives en 3D, de visiophonie, etc… Même chose avec le sans fil (le Wi-fi)… pour créer des applications nouvelles « en mobilité »…
L’infrastructure est un préalable indispensable à mon sens, pour que des entreprises créent de nouvelles applications qui nous permettront de vivre mieux nos loisirs, notre formation, notre commerce, notre santé, notre administration, et de renforcer notre culture…
Cela jouera en fait le rôle que l’imprimerie a joué entre la Révolution Agricole et la Révolution Industrielle : à savoir augmenter le savoir humain, et le nombre d’Etres Humains qui peuvent y avoir accès…
La France a de bons atouts pour faire cela. Elle a de bons ingénieurs (la preuve, ils s’en vont), elle a de bons créatifs (la « french touch » est reconnue partout)… Et elle a (encore ?) des jeunes qui veulent créer des entreprises…
Alors pourquoi ne le fait-on pas ?
Si on attend que les autres s’y mettent, alors, comme d’habitude nous irons acheter chez eux les applications comme nous le faisons aujourd’hui pour le logiciel, les films, etc…
Notre culture est en danger…
Il est temps de se bouger et de faire nous aussi notre new deal…
Jean Michel Billaut
Conseiller de Pau Pyrénées
Email : [email protected]
Bonjour,
Qui a fait les proposition suivante lors des discussions sur le paquet telecom ?
« Art. L. ... 1. - Afin de permettre sur l'ensemble du territoire l'accès à Internet haut débit, en provenance ou à destination des points d'abonnement, le câblage en fibre optique sur l'ensemble du territoire est réalisé d'ici à 2010.
« 2. - A cette fin, le ministre chargé des télécommunications désigne les opérateurs chargés d'assurer la réalisation des investissements nécessaires au changement de support du réseau afin d'assurer la couverture de l'ensemble du territoire en fibre optique.
réponse ? : une sénateur communiste ! Madame Beaufils
étonnant non ?
Rédigé par : Harpo | 08/06/2004 à 14:46
Je veux bien, la vie serait certainement meilleure pour tout le monde avec du très haut débit partout. Mais j'ai du mal à voir où se situe le multiplicateur dans ce cas...
D'autre part, je ne suis pas certain que l'infrastructure soit nécessairement un préalable, en effet, il reste encore beaucoup de choses réalisables dans le domaine applicatif ainsi que pédagogique avec l'infrastructure actuelle et qui permettraient déjà de s'élancer plus pleinement dans l'économie de la connaissance.
Rédigé par : Julien | 11/06/2004 à 04:24
Je veux bien, la vie serait certainement meilleure pour tout le monde avec du très haut débit partout. Mais j'ai du mal à voir où se situe le multiplicateur dans ce cas...
D'autre part, je ne suis pas certain que l'infrastructure soit nécessairement un préalable, en effet, il reste encore beaucoup de choses réalisables dans le domaine applicatif ainsi que pédagogique avec l'infrastructure actuelle et qui permettraient déjà de s'élancer plus pleinement dans l'économie de la connaissance.
Rédigé par : Julien | 11/06/2004 à 04:25
reponse a M'sieur Julien...
je ne suis pas d'accord avec vous...
Raisonnons voulez vous à grands coups de cuillère à pot... (cela à le mérite d'être court...)
Les routes sont des infrastructures, n'est-il pas ?... Pas de routes ? Pas de voitures, pas d'industrie automobile... etc...
Certes on peut se contenter de ce que l'on a et faire comme tout le monde. Dans ce cas pas d'avantages compétitifs...
Si par contre vous êtes le premier (ou l'un des premiers) à mettre en oeuvre un réseau à TRES haut débit, vous allez susciter la création de nouvelles applications auxquelles on ne peut même pas penser avec le débit d'aujourd'hui...
Et quand les autres s'y mettront et bien vous irez leur vendre vos applications...
L'effet multiplicateur...
Cela étant, nous aurions pu aussi rester dans nos cavernes... Il y avait encore fort à faire pour couvrir les murs et les plafonds de dessins et autres croquis...
Rédigé par : Billaut | 14/06/2004 à 08:44
Bien que la référence à Keynes me paraisse mal choisie, je souscirs à l'argument de JMB: Pas d'infrastructure, pas d'offre.
Les services utilisant le très haut débit existent déjà... là ou le THD existe: Imagerie médicale distante, studios de création numérique, Expérimentations en matière de pédagogie interactive... Il faut donc amener les réseaux chez nous si on veut que les services de demain se créent chez nous.
La question est: comment s'assurer qu'un tel réseau puisse être créé dans les meilleures conditions possibles pour les contribuables y compris en zone "faiblement dense" donc non immédiatement rentable ? Il me semble qu'un réseau entièrement financé et opéré par le secteur public est une mauvaise chose (que voulez vous, j'ai perdu toutes mes illusions vis à vis de l'état Français...) - Ne vaudrait il pas mieux envisager des concessions de service public à des opérateurs privés avec obligation de séparation des fonctions d'opérateur et de gestionnaire de réseau (dont la nue propriété resterait elle publique) et clauses draconiennes en terme de niveau de service ? Ainsi que des obligations de gérer les zones peu denses pour avoir le droit de gérer les autres ?
Rédigé par : vincent | 14/06/2004 à 17:09
Bien que la référence à Keynes me paraisse mal choisie, je souscirs à l'argument de JMB: Pas d'infrastructure, pas d'offre.
Les services utilisant le très haut débit existent déjà... là ou le THD existe: Imagerie médicale distante, studios de création numérique, Expérimentations en matière de pédagogie interactive... Il faut donc amener les réseaux chez nous si on veut que les services de demain se créent chez nous.
La question est: comment s'assurer qu'un tel réseau puisse être créé dans les meilleures conditions possibles pour les contribuables y compris en zone "faiblement dense" donc non immédiatement rentable ? Il me semble qu'un réseau entièrement financé et opéré par le secteur public est une mauvaise chose (que voulez vous, j'ai perdu toutes mes illusions vis à vis de l'état Français...) - Ne vaudrait il pas mieux envisager des concessions de service public à des opérateurs privés avec obligation de séparation des fonctions d'opérateur et de gestionnaire de réseau (dont la nue propriété resterait elle publique) et clauses draconiennes en terme de niveau de service ? Ainsi que des obligations de gérer les zones peu denses pour avoir le droit de gérer les autres ?
Rédigé par : vincent | 14/06/2004 à 17:11
Monsieur Billaut, (M'sieur Jean-Mi ?)
Je suis bien conscient qu'ici, chacun de nous défend sa vision de l'avenir et que nous avons probablement tout les deux raison. J'ai tendance à vous suivre sur le fond, mais je trouve votre argumentation trop simpliste et vos visées trop utopiques.
Tout d'abord, je conteste votre référence à Keynes. Dans le "new deal" de Roosevelt, la construction d'infrastructure était un but secondaire. L'objectif principal était de relancer la consommation et je vais vous expliquer ici en quoi consiste l'effet multiplicateur. Vous payez un ouvrier pour construire une autoroute. Que va faire cet ouvrier avec son salaire ? Il va peut-être en mettre 20% de coté et il va consommer le reste. Ce reste va permettre à quelqu'un d'autre de travailler, donc d'avoir un salaire. Et que va faire cet autre avec son salaire ? En consommer 80%, etc. Donc vous mettez 100, et il en ressort une consommation de :
0,8*100 + 0,8²*100 + ... = 400
Dans le même temps, l'épargne cumulée est :
0,2*100 + 0,2*0,8*100 + 0,2*0,8²*100 + ... = 100
D'où une augmentation globale des revenus de 500.
C'est celà qu'on appelle multiplicateur keynésien. L'infrastructure sert à justifier l'investissement initial de 100, et c'est plus utile que de simplement donner cet argent. On pourra trouver une explication plus détailler ici. Désolé pour les explications un peu techniques ; il m'ennuyait de passer pour un demeuré...
Supposons maintenant qu'on veuille faire la même chose pour construire des "autoroutes" de l'information. Effectivement, il se produirait un effet du multiplicateur de Keynes, mais celui-ci n'aurait pas une envergure retentissante. Connecter la France au haut débit emploiera certainement moins de main-d'oeuvre que s'il s'agissait de construire une autoroute entre New-York et Los Angeles (d'autant qu'à l'époque ils ne disposaient sans doute pas des outils performants mis aux points depuis).
De plus, si j'interprète bien votre éditorial, là ne se trouve pas la clé de voute de votre argumentation. Je réfuterai donc maintenant le reste de ce que je conteste dans votre discours.
Vous dites : "Si par contre vous êtes le premier (ou l'un des premiers) à mettre en oeuvre un réseau à TRES haut débit, vous allez susciter la création de nouvelles applications auxquelles on ne peut même pas penser avec le débit d'aujourd'hui...". Allez donc convaincre quelqu'un qu'il faut investir maintenant pour créer des applications qu'on ne peut pas imaginer. Mais peut-être avez-vous une idée derrière la tête. Dans ce cas, c'est le commun des mortels (moi y compris) qui ne peut pas les imaginer. Merci de m'éclairer sur ce point.
Ensuite vous nous annoncer : "Cela jouera en fait le rôle que l'imprimerie a joué entre la Révolution Agricole et la Révolution Industrielle : à savoir augmenter le savoir humain, et le nombre d'Etres Humains qui peuvent y avoir accès...". Et là, je dis non deux fois (non et non). Celà aura le même rôle que de nous faire passer d'une imprimerie lente et en noir et blanc à une imprimerie "rapide" et en couleur. Mon deuxième 'non' est un peu plus nuancé : vous avez raison, à long terme, le savoir humain et le nombre d'Etre Humains qui y auront accès vont augmenter, en attendant, les réseaux très haut-débit restent un "gadget" de pays riches et vous conviendrez, j'espère, que si l'on souhaite augmenter le savoir et la quantité d'humains y ayant accès, il sera plus utile de développer les accès à plus bas débit pour les milliards qui en sont actuellement privés.
Vous nous parlez aussi de culture. Vous trouverez peut-être que j'ai une bien piètre opinion de mes concitoyens, mais j'imagine assez bien le français moyen profitant de sa connexion très haut débit pour boire la même bière tout en pouvant regarder le même match de foot (resp. émission de télé-réalité, resp. feuilleton de l'été), mais attention, ce sera avec 10 angles de caméras possibles entre lesquels il pourra naviguer à volonté ! Autant pour la culture... Mais, encore une fois, si on prend comme prémisse qu'on ne sait pas quelles applications viendront, on ne peut faire que de vagues suppositions ! Voilà à quoi mènent les raisonnements à grands coups de cuillères à pot...
Vous ne commentez que très peu les implications que les très haut débit pourrait avoir sur l'accroissement des connaissances. Et pour cause, j'ai du mal à voir en quoi disposer d'une connexion à 100Mb permettrait de faire de bien plus extraordinaire que ce qui est déjà possible avec des connexions à 4Mb.
Mais que faire, alors ? Comment changer le monde avec des connexions 4Mb ?? Pour en avoir un appercu, je vous propose de lire ce très bon article, commenté par Outils Froids. Il reste encore tant d'initiatives comme celle de Wikipédia à prendre avec les connexions actuelles et qui permettent véritablement d'augmenter le savoir humain et notre intelligence collective que je ne vois pas dans l'imédiat la raison pour laquelle ces connexions ultra-rapides sont indispensables. Je concède qu'il nous faut bouger, mais je propose une autre direction.
Je vous accorde cependant qu'elles pourraient trouver un intérêt dans les années à venir, mais je pense que d'ici là, les vitesses des connexions auront évoluées d'elles-même, sans qu'il soit pour celà nécessaire d'un investissement public lourd.
Et comme je l'ai déjà dit, la vie serait certainement meilleure pour tout le monde avec du très haut débit partout.
Merci à "Poupoule" (encore un nom de code) pour m'avoir fait par de son opinion sur la question et m'avoir ainsi aidé à rédiger ce que j'admets être un pavé.
Respectueusement,
M'sieur Julien.
Rédigé par : Julien | 15/06/2004 à 04:13
Je réagis à nouveau à l'opinion comme quoi "les services n'existent pas encore donc à quoi servirait le réseau" ?
Les besoins existent déjà. Des services existent déjà. Qqs exemples: aujourd'hui, de plus en plus, les entreprises sous traitantes des grands groupes industriels automobile ou aéronautiques ont dans leur cahier des charges la nécessité de bénéfcier en tant que de besoin de 8Mbps garantis (8MBps garantis, contre 1024 Mbps ou 2048 en crête pour l'ADSL).
Pas de liaison 8Mbps= pas de contrats. Demain, ce sera combien ? 40Mbps ? 100Mb ? On ne sait pas, mais il est clair que le mouvement est engagé et que seule la fibre sait aujourd'hui convoyer les débits exigés.
De même la télé-formation fortement interactive à domicile ou sur poste de travail commence à se développer dans certains parcs technologiques, ou au sein de certaines galaxies d'entreprise "leader-sous traitant". Pas d'accès THD, pas d'accès à ces services de formation.
et demain, d'autres services seront créés parce que d'autres offreurs les imagineront et parce que la qualité de service offerte par les réseaux THD les rendront possible.
Mais pas d'infra, pas de services. Pas de business. et donc regroupement généralisé des entreprises et des logements dans les zones à haute densité (là ou la fibre est rentable), ce qui condamne les campagnes à la décrépitude, et les villes à la sur-congestion.
J'ai beau être très libéral, je pense que les réseaux constituent un domaine ou l'initiative publique doit permettre l'accès global sur le territoire, même dans les zones non rentables aujourd'hui, et moyennant des choix de procédure associant intelligeamment public et privé pour minimiser le coût, pour le contribuable, de la solidarité avec les territoires ruraux.
Rédigé par : vincent | 15/06/2004 à 16:09
Ah ! On parle donc là des entreprises... On ne prétend plus faire passer une fibre optique au pied de chaque habitation, ca change la donne, déjà. Pour ce qui concerne toutes ces fabuleuses applications, j'ai la voix sur IP et la vidéo avec une connexion 128kbps (ou 256, je ne sais plus trop). Ca rend possible un paquet d'applications de téléformation je crois. Parlez-moi plutôt de ces magnifiques applis qu'on ne pas encore imaginer, mais qui ne sont possible qu'avec le THD... Ce serait le seul moyen de me convaincre.
Pour ce qui est des réseaux, je suis beaucoup plus convaincu par les initiatives d'oZone et les possibilités de leur réseau sans fil collectif. C'est sur ce modèle que notre internet actuel s'est construit, et je pense que le même modèle peut encore servir pour connecter tout le monde partout.
Rédigé par : Julien | 15/06/2004 à 18:02
Bonjour,
Je pense que le très haut débit entrainera des nouvelles offres de service. Mais je suis aussi convaincu que c'est un leurre de fonder tous nos espoirs sur les services en ligne.
D'une part : comme le souligne julien, les particuliers n'ont pas besoin du très haut débit pour utiliser les services en ligne.
D'autre part : les entreprises disposent déjà en grand nombre d'accès très haut débit.
Cependant, si le très haut débit doit se développer il est à craindre que des zones soient complètement ignorées. Dès lors il faudra absolument veiller à ce que la couverture ne soit pas inégalitaire et que celle-ci relève du service public. Dans ce cadre il est clair que les installations doivent être conduites par des entreprises privées avec mission de service publique (contractualisation).
Rédigé par : fabien | 16/06/2004 à 21:50
Bonjour,
Il y a un aspect de votre argumentation Mr Billaut, que personne ne discute et qui pourtant me semble important. Nous sommes tous d'accord pour dire qu'un développement des accès THD ouvrirait de nouvelles perspectives aux entreprises et à une économie novatrice. Pas de doute là-dessus, ce serait un moyen encore plus sûr de toucher le potentiel client directement chez lui. A tous les coups, la population adopterait le concept. Cependant, j'abonde dans le sens de Julien quand il dit que les entreprises disposent déjà de moyens énormes pour développer une e-economie durable. Je pense également que l'arrivée du THD dans nos foyers ne changerait rien ou pas grand chose à la passivité traditionnelle face aux nouveaux moyens mis à notre disposition. Regardons les comportements des consommateurs : beaucoup ne se donnent plus vraiment la peine de choisir, de creuser avant d’acheter. Le discours est accrocheur, le vendeur vient presque à la maison, pourquoi faire le moindre effort ? L’esprit critique disparaît au profit d’une boulimie d’achat suscitée par du vent et une flemme à l’épreuve des balles.
Ce qui m’amène à la culture. Vous semblez croire que le THD permettrait de relever les têtes pendantes de nos légions et de sauver une culture, une exception culturelle, qui s’effrite un peu plus chaque jour. Cette idée me parait bien utopique.
En effet, sans avoir des connexions très haut débit, nous avons déjà accès à une masse de connaissances énormes via les connexions actuelles et leurs « petits débits ». Et pourtant... La culture, le savoir se sont ils pour autant répandus plus et mieux qu’avant ? J’en doute. De plus en plus de personnes disposent d'un accès à toute forme d'information via le net et on ne peut pas dire que le bilan soit glorieux. L'expansion de la culture bien loin d'être renforcée par ces nouveaux moyens me semble s'en être trouvée affaiblie de plus belle. Les chiffres qui paraissent chaque année sont éloquents : l’immense majorité des recherches lancées sur moteur de recherche ont attrait au sexe et le plus grand marché en matière de e-commerce reste le sexe. Par ailleurs, à qui n’est-il jamais arrivé de se faire agresser, en pleine recherche de peu-importe-quoi, par un pop-up ventant les mérites d’une jeune fille de tout juste 18 ans très coquine ? Par contre, à qui est-il déjà arrivé de se faire surprendre par un pop-up incitant à la lecture d’un article voué à la vulgarisation d’un savoir. Article pouvant pourtant être d’intérêt public.
Et sans aller à l’extrême du e-sex, regardons simplement les habitudes de Monsieur tout le monde : les spams que nous recevons ne sont que blagues plus ou moins grossières et chaînes à faire suivre. Rares sont ceux qui envoient des références à un article paru sur la dernière décision gouvernementale ou la dernière avancée technologique. Sans critiquer une envie de partager de bonnes blagues avec ses amis, on pourrait faire mieux. Et nous n’avons que des connexions bas ou haut débit...
A mon sens, le THD ne changera rien à ce comportement. L’usage que nous faisons d’Internet ne relève pas du débit dont nous disposons mais de l’approche que nous avons de ce nouvel et puissant outil. Et tout porte à croire que cette approche se veut superficielle. Pour le moment, on ne renforce pas sa culture grâce au net, on la ponctue d’informations sporadiquement et brièvement nécessaires. Sinon, on se distrait.
La culture dans son ensemble ne pourra être soutenue par Internet – THD ou pas – que si la démarche générale change. Pour l’instant, si vous annoncez à tous les quidams de France qu’ils auront désormais un accès très haut débit à pas cher, vous ne ferez que renforcer la politique populaire de téléchargement à outrance. Le volume des données échangées sera naturellement plus grand mais son contenu n’en sera pas meilleur.
Sauver la culture, c’est éduquer les gens, pas leur donner des connexions aux débits énormes. Au contraire, le THD tel que vous nous le présentez, à toutes les chances de concourir à la mort lente de cette culture qui nous est chère.
Pour finir, même si dans le fond je suis d’accord avec vous car le THD a un véritable potentiel, le discours que vous tenez au sujet de ce new deal et de son apport à notre culture me parait trop simpliste pour être réaliste.
Rédigé par : Poupoule | 17/06/2004 à 21:11
poupoule parfaitement d'accord avec toi. Je mettrais un bémol supplémentaire à l'aspect culturel du THB : celui-ci renforcera à mon sens la consommation illégale de culture via le p2p.
Donc non seulement comme tu l'expliques bien le THB ne permettra pas une diffusion massive de la culture (les habitudes des consommateurs ne changeront pas, en gros) mais tout ce que l'on obtiendra c'est un effet pervers (accélération de ce que l'on connaît déjà avec le haut débit) : le THB utilisé pour la consommation illicite de culture.
Par ailleurs, le réseau est pour moi avant tout une porte d'accès vers le monde de la culture mais jamais une fin en soi : mes expériences culturelles peuvent commencer sur le net mais se terminent assez largement dans des lieux réels. En dehors bien sûr des arts et cultures propres au web.
Conclusion je suis d'accord avec toi poupoule sur l'aspect culturel du THB, difficile de voir dans le THB un outil de diffusion massive de la culture.
Rédigé par : fabien | 18/06/2004 à 07:10
Reponse en bloc...
D'abord un grand merci pour vos contributions... Ce qui montre quand même que les gens ne sont pas toujours passifs (avec les blogs et Internet c'est autre chose qu'avec la télé, et les journaux.. où la voie de retour n'existe pas...)
Et merci aussi pour le petit cours sur le multiplicateur de Keynes. Cela m'a rappelé mes jeunes années (j'ai fait un peu d'économétrie dans mon jeune temps...)
Vous dites que ce multiplicateur n'est pas de mise? Oui peut être... Keynes a combattu la "main invisible" d'Adam Smith (la loi du marché et rien que cela)... Heureusement que Roosevelt en 1933 a suivi les idées de Keynes, sinon on y serait peut etre encore dans la grande crise de 29.
Le libéralisme à tout crin comme d'ailleurs le socialisme soviétique : ce n'est jamais une bonne chose...
Je milite pour une infrastrusture publique (tout le monde y a droit) Voir en partenariat avec le privé. Au bas mot 15 milliards d'€ à déverser sur l'économie. Il me semble que d'une façon ou d'une autre le multiplicateur "traditionnel" jouera. Et il y aura une "supermultiplicateur" pour toutes les nouvelles applications que l'on pourra faire...
Les entreprises dites vous ont ce qu'il faut ?
Que nenni Mesdames et Messieurs, que nenni. Dans le bled a coté de chez moi, il y avait 2 belles PME. Et ben elles sont parties. Motif : pas de débit (même pas d'adsl)... A Pau des entreprises commencent à s'installer. Motif : beaucoup de débit...
Je viens de poster sur le blog de Pascal Mercier un petit post qui je pense vous intéressera...
(http://pascal.blogs.com/venture/2004/06/rondspoints_et_.html)
Vos arguments concernant la culture et la passivité de M'sieur Michu me laissent perplexes, voire desabusé sur l'avenir de ce pays... Vous dites que le sexe a toujours été ce qui a intéressé l'homo sapiens de base (le succés du minitel a été dû en grande partie à cette affaire). Et ce n'est pas le TRES haut debit qui va modifier nos neurones... Et alors ?
D'une façon générale, je vous trouve comment dire, un tantinet conservateur.
Le monde est en train de changer à vitesse grand V (et le TRES haut débit n'est qu'un élément).
Je suis en train de preparer un petit post de derriere les fagots qui je pense va vous faire hurler... ( ca va s'appeler la 3eme Révolution)
Que vous le vouliez ou non, il faut s'y mettre...
Certes on a du bon pinard, des enarques intelligents (si, si..)... on pourrait bien vivre sans TRES haut debit, et même sans debit du tout comme avant...
Mais dans ce cas faut etre logique avec nous mêmes Mesdames et Messieurs.. Il faut fermer nos frontières, couper tous les fils qui depassent et garder nos dernieres bombinnettes gaulliennes pour abattre les satellites qui nous survolent...
Allez à la prochaine..
JM
Rédigé par : Billaut | 21/06/2004 à 09:37
Juste une question sur le multiplicateur de Keynes : parmi les 15 milliards que vous proposez de déverser dans l'économie, combien reviendront directement à Cisco ou à d'autres entreprises américaines ?
Rédigé par : Julien | 24/06/2004 à 15:53
On s'éloigne du problème?
Il n'a jamais été question dans mon propos de proner une stagnation nationale sous prétexte que ça ne changera pas grand chose au comportement de nos concitoyens. Simplement, je ne pense pas que l'avènement du THD avivera nos esprits critiques et notre curiosité. Ni ne sauvera notre culture. C'est juste cet aspect de votre discours premier que je discute.
Je ne crois pas que aucun des internautes ayant réagi ici se soit particulièrement montré conservateur sur la question. Nous avons tous reconnu les vertus possibles du THD (pour un domaine ou un autre) mais d'autres aspects de votre discours, Mr Billaut, nous titillent (pour un domaine ou un autre également).
Bref, n'épiloguons pas, je ne crois pas avoir dit "Non au THD" mais simplement "THD? Oui mais...".
Rédigé par : Poupoule | 04/07/2004 à 23:29
On s'éloigne du problème?
Il n'a jamais été question dans mon propos de proner une stagnation nationale sous prétexte que ça ne changera pas grand chose au comportement de nos concitoyens. Simplement, je ne pense pas que l'avènement du THD avivera nos esprits critiques et notre curiosité. Ni ne sauvera notre culture. C'est juste cet aspect de votre discours premier que je discute.
Je ne crois pas que aucun des internautes ayant réagi ici se soit particulièrement montré conservateur sur la question. Nous avons tous reconnu les vertus possibles du THD (pour un domaine ou un autre) mais d'autres aspects de votre discours, Mr Billaut, nous titillent (pour un domaine ou un autre également).
Bref, n'épiloguons pas, je ne crois pas avoir dit "Non au THD" mais simplement "THD? Oui mais...".
Rédigé par : Poupoule | 04/07/2004 à 23:30